mercredi 2 janvier 2013

Thèse : l’intersinographie




Compte-rendu du premier trimestre


  1. Apprentissage de l'écriture

L'écriture des caractères chinois a évolué pendant des siècles et cette évolution n'est pas terminée. Depuis la première politique d’unification de l’empereur Qinshihuang au IIIe siècle avant J.-C jusqu’à la dernière normalisation importante est l'adoption de caractères simplifiés en Chine continentale en 1956, de nombreuses tentatives de normalisation ont été entreprise par la pouvoir central dans un but à la fois d’unification politique et de facilitation de l’apprentissage de la langue et de l’écriture. A partir de 1949, la scolarité rendue obligatoire et gratuite a permis l’apprentissage de l’écriture à tous les écoliers.
Taiwan, Hongkong, Macao ainsi qu’un grand nombre des membres de la diaspora chinoise n’ont pas suivi la réforme jusqu’à ce jours.
Actuellement la grande majorité des apprenants du chinois langue étrangère suivent l’enseignement de l’écriture simplifiée.  
Dans tous les cas le plus simple élément d'un caractère est le trait .En chinois simplifié il y a huit traits fondamentaux et 23 traits complexes. Un trait s'écrit sans relever le pinceau, la plume ou le stylo.
Plusieurs traits forment un composant, ce qui est la dénomination officielle récente. Les composants comprennent de 1 à 10 traits, à l'exception d'une dizaine qui en comprennent 10 à 14. Une liste officielle de 514 composants a été établie et publiée par le gouvernement chinois en 2009.
Un trait est quelquefois un composant, un caractère et même un mot. Les mots chinois sont formés par un, le plus souvent deux et quelquefois trois ou quatre caractères. Les caractères chinois, à l'origine, étaient la représentation d'objets courants ou de quelques concepts. On retrouve encore cette origine dans certains caractères.

  1. Prononciation
Nous limitons notre présentation à la prononciation du mandarin sans aborder les multitudes des dialectes parlés en Chine (qui utilisent tous la même écriture).
Le chinois est une langue qui se parle en utilisant seulement 412 phonèmes qui peuvent comprendre des consonnes, des voyelles et des diphtongues. Chacun de ces phonèmes peut être prononcés sur un à quatre tons plus un ton neutre.
Il y a peu de sons différents (disons un millier) pour exprimer cinquante mille caractères dont dix mille sont courants.
La deuxième spécificité est qu'à un caractère écrit il n'y a pas souvent une prononciation correspondante certaine. Il faut apprendre d'une part, l'écriture du caractère et d'autre part sa prononciation. Beaucoup de caractères ont plusieurs prononciations qui correspondent à des sens différents.
Pour indiquer la prononciation des caractères les chinois il y a eu plusieurs tentatives pour écrire les sons en mots de style européens. Ces tentatives ont finalement été remplacées par le pinyin chinois. Tous les étrangers ne prononçant pas l'écriture pinyin de la même façon, la mémorisation des sons en pinyin est plus ou moins facile suivant les individus. Il est certain qu'elle est nécessaire pour être compris.

  1. Grammaire
La connaissance des mots ne suffit pas pour s'exprimer. Il faut les placer dans un ordre déterminé et former des phrases. Sur ce point encore le chinois est bien différent des langues européennes. Les caractères qui forment les mots sont invariables sans refléter les genres ou les nombres. Il n'y ni masculin ou féminin, singulier ou pluriel exprimés par les caractères eux-mêmes. Les verbes ne se conjuguent pas, il n'y a pas de formes fléchies.
Les différents concepts de pluriels, de temps passés ou à venir sont exprimés par des caractères additionnels qui jouent le rôle d'adverbes, prépositions ou conjonctions.
Là encore l'apprentissage et la mémorisation d'un grand nombre d'exemples permettent de maîtriser la formation d'autres phrases. Il faut rappeler que la grammaire en chinois a été mise au point par les occidentaux.

  1. Présentation et analyse du corpus

Le corpus de la thèse sera constitué, avec le département de chinois de l’Université d’Aix Marseille de la production graphique, pendant l’année universitaire 2012-2013, d’une centaine des étudiants de License1 à Master II, dans deux parcours de spécialités LLCE et LEA, dirigé par trois enseignants, ainsi que d’une enquête auprès des apprenants de tous niveaux. 
Dans un premier temps l’étude portera sur les photographies de productions de dictées, d’exercices d’écriture et de feuilles d’examens, soit environ cent à deux cents photographies par semaine.

Notre hypothèse est que, de même que l'acquisition du chinois langue étrangère connaît une transition par interlangue, l'acquisition de la sinographie passerait par l’intersinographie.
Le processus de l’intersinographie se déroulerait en quatre étapes :
  1. Reproduction d’un sinogramme comme un dessin sans respecter l’ordre des traits ;
Le cours d’écriture pour licence 1 consiste en un corrigé d’exercices du manuel. Après la présentation théorique, les étudiants passent tour à tour au tableau et écrivent des sinogrammes sous dictée.
Le tableau (a.) à droite est un exercice de copie de l’étudiant suivant l’exemple proposé par le professeur.
Or, cet étudiant a appris les règles d’écriture trois semaines auparavant et il se trompe encore dans l’ordre des traits du composant sur le sinogramme. Le professeur l’a corrigé, comme illustré ci-dessous.
(b.)  →   (c.)

 Ce mauvais ordre de traits, que nous considérons comme la première étape du processus dans l’intersinographie, se retrouve dans les contrôles du premier trimestre.


  1. Erreurs d’un ou plusieurs sinogrammes liées ;
cf annexe 1 : Etude sur une centaine étudiants de licence 1 durant cinq semaines, dont trente se sont présenté au contrôle du premier trimestre. Nous avons classé les erreurs les plus fréquentes de la manière suivante :
1)    缺省 Un ou plusieurs traits manquants 
2)    增补 Un ou plusieurs traits supplémentaires
3)    代换Substitution d’un trait ou d’un composant à l’intérieur d’un sinogramme
4)    错位 Positionnement d’un trait ou d’un composant
5)    镜像 Inversion en miroir
6)    分合 Espace entre les sinogrammes trop étroit ou trop large
7)   出头 Intersection des traits horizontaux et verticaux
8)    变形 Transition entre les composants
9)   合字 Compression
10)  形似字 Substitution par un sinogramme visuellement proche 

3.            Erreurs de sinogramme par ailleurs visuellement correct ;
L’étude porte sur les étudiants de License 1 et License 2 niveau débutant, et License 3 à Master II niveau intermédiaire et avancé.

  Débutant
Intermédiaire et avancé
Erreurs les plus fréquentes
那,还 , 欢,看,要,家,国,
写,起,边, 听,都,钱,饭,
没,狗,五, , 的,钱,哪,个
热,帮,就, 里,难,学,等

, , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , ,





4.     Erreurs de sinogramme par homophonie.
a)    Homophonie véritable wēi(majesté)wēi(brise)  
zhí(valeur)zhí(jusqu'à)
b)    Erreurs liées aux tonsPéngyǒu朋友Péngyou (ami)
c)    Prononciation voisine
       huǎng (briller; éblouir)huǎn (différer; relâcher; détendre)

     V.    Développement de la conscience orthographique

1.         Analyse des stratégies d’apprentissage des étudiants de Licence 1 grands débutants au premier trimestre :
a)    Mémorisation du caractère complet  qui entraine des erreurs sur le nombre de traits.  
b)    Appréciation erronées du nombre de traits d’un caractère.
c)    Révisions des connaissances et de la gestuelle insuffisantes.
Les étudiants interrogés pour la plupart ne font de révisions quotidiennes. Nous constatons qu’une mauvaise position peut accompagner des erreurs.

2.  « La fossilisation des fautes »

Nous avons pu constater que les étudiants des tous niveaux reproduisent les mêmes fautes individuelles (fossilisation). Notre hypothèse est que cette fossilisation pourrait être liée soit au niveau d’apprentissage, soit à la complexité des sinogrammes (ordre, nombres, forme des traits).   
Un test sur les erreurs les plus fréquentes ( cf tableau ci-dessus § VI-3) pourra être organisé courant du deuxième trimestre 2012-2013 pour chaque niveau.

3.   Cas particulier d’étudiants de Licence 3 gauchers

Notre observation porte sur 33 étudiants (20 LEA ; 13 LLCE) dont 3 étudiantes gauchères, pendant cinq semaines, durant le cours de grammaire chinoise de M. Philippe CHE qui commence toujours par une dictée énoncée en Français pour laquelle les étudiants doivent produire la traduction en caractères chinois et en Pinyin.
Les étudiantes gauchères ont été filmées pendant la dictée. Nous n’avons pas pu constater de différences significatives sur leur production graphique : vitesse, ordre des traits, position de la feuille. 
Lors du contrôle de fin du premier semestre, les étudiants devaient traduire : Tous les étudiants doivent apprendre l’informatique. 所有的学生都得学电脑。

a)           
b)           
c)           
d)           

Les quatre productions ci-dessus comprennent trois gauchers et un droitier. Les différences importantes de style d’écriture sont individuelles mais ne permettent pas de distinguer les gauchers des droitiers.
Le corrigé de cette phrase par l’enseignant est mentionné ci-dessous.

Ces exemples de la même phrase en Chinois écrite par différents sujets nous amènent à proposer l’hypothèse suivante: existe-t-il des différences significatives sur la production graphique entre enseignants français et chinois (résistance de l’intersinographie)?
           
4.      Gestuelle

Chaque étudiant lorsqu’il écrit a sa propre façon de se pencher sur le papier, de placer la feuille de papier et de tenir le stylo. (En Chine, l’apprentissage de l’écriture s’accompagne de l’obligation de se tenir doit, la feuille perpendiculaire à la table, avec une stricte règle de position du stylo). 

Nous n’avons pas pu constater de différences significatives sur leur production graphique. 



SONG Weiyi

                                          





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